Conférence de Pierre Milza, qui a publié en 2012 une
biographie de Garibaldi aux éditions Fayard.
Il est surnommé le « roi des 2 mondes » et ce
personnage est un acteur incontournable dans l’unité italienne, avec son
caractère de guerrier. Mais qui était Garibaldi ?
Giuseppe
Garibaldi est né à Nice en 1807. Son père Domenico était un marin et cabotait
en Toscane et Catalogne. Sa mère Rosa était mère de famille. Il n’avait que 7 ans,
lorsque le comté de Nice est revenu au Piémont en 1814. Il sera prêtre, il
apprend le latin, l’italien et l’histoire par un précepteur nommé Arena, qui
était un demi-solde de l’armée napoléonienne. A 15 ans, il s’embarque dans un
bateau pour partir en haute mer. Il est devenu marin et bourlingue en
Méditerranée et en Mer Noire. Familiarisé aux idées « nationales »,
Garibaldi rencontre en mars 1833 à Marseille le fondateur du mouvement Jeune
Italie en 1830, Mazzini, qui organise des complots tous les 3-4 ans.
Celui-ci prépare une insurrection en Savoie depuis Genève. En 1834, Garibaldi
part faire son service militaire à Gênes. Mais il apprend la même année qu’il
est condamné à mort par contumace alors qu’il n’a pas organisé de complot, même
en ayant été arrêté par les piémontais. Il s’exile en Amérique du sud, c’est à
partir de là que commence son épopée en raison de l’émigration pour ainsi
préparer une révolution. Il redevient marin mais cette fois dans le Rio Grande
del Sul et s’engage dans le même temps aux cotés des républicains brésiliens
entre 1837 et 1841 où il remporte des tas de victoires. Il s’installe à Rio de
Janeiro où il établit une base militaire pour recruter des hommes. Garibaldi
est un républicain. Il rencontre Anita, sa première femme et en 1840, il a un
fils nommé Mennoti. En 1841, Garibaldi part en Uruguay avec un engagement
républicain où il remporte des victoires. A Montevideo en 1843, Garibaldi distribue
à ses hommes des tas de chemises rouges, destinées aux ouvriers de l’abattoir
de Buenos Aires. Après sa victoire à San Antonio del Salto en février 1846,
Garibaldi devient général en chef de l’armée uruguayenne. Son expérience de
combattant étant acquis, il revient à Nice en juin 1848.
Républicain,
il doit maintenant chercher un modèle républicain en Europe. Son modèle c’est
l’insurrection de gauche, venu de Mazzini. Garibaldi se rend à Rome pour
défendre la République romaine face aux austro-hongrois en novembre 1848, 4
mois après la fuite du pape ; et pour la défense de Venise. Or, il n’y
qu’un seul modèle républicain en Europe : c’est la France de
Louis-Napoléon Bonaparte. Il part aux Etats-Unis en 1850 avec une notoriété
inimaginable. Les Américains lui proposent de commander l’armée du Nord des
Etats-Unis, qu’il refuse car il était pour l’esclavage. Il s’achète la moitié
de l’île de Caprera en 1855. Cavour le laisse rentrer dans sa ville natale
(toujours sous domination piémontaise) en 1854. Mais très vite, il va s’allier
avec Cavour et le roi du Piémont, Victor Emmanuel II afin de libérer et unifier
l’ « Italie ». Mazzini le considère comme un traitre. Pour
Garibaldi, la monarchie parlementaire est le seul moyen de faire parvenir à
l’idée d’une Italie unifiée. Après la conquête de la Sardaigne en 1860 (que
l’on appelle l’Expédition des Mille), l’année même où Nice, sa ville natale est
devenue française par le biai du traité de Turin, Garibaldi rencontre
Victor-Emmanuel II en tant que « roi d’Italie ». Il va même devenir
dictateur sur le modèle de Saint-Synatus (modèle de l’Empire Romain). Il s’en
va au bout d’un an et abandonne le pouvoir. Après plusieurs batailles
remportées dans la décennie 1860, l’unité italienne s’achève par la
proclamation de Rome comme la capitale de l’Italie en 1871, après être occupée
un an avant. Garibaldi est, pour les Italiens, le héros mythique de l’unité
italienne et incarne la veine populaire et démocratique du Risorgimento.
Son génie
militaire et politique sera mis au service de la Commune de Paris, où il est
reçu triomphalement. Il part à Dijon pour se battre contre les Prussiens lors
des guerres franco-prussiennes, qui a vu une victoire prussienne en 1871,
achevant ainsi l’unité allemande. Il va également à Tours pour rencontrer
Gambetta et son gouvernement provisoire. Sauf que Gambetta voit Garibaldi comme
un dictateur. Or sa popularité est un modèle pour l’histoire du XIXème siècle.
En 1871, il est élu député dans 4 départements, mais tout le Parlement de
Bordeaux le conspue. Il démissionne et sera suivi par un certain… Victor Hugo.
Mais en 1876, Garibaldi va finalement accepter un « don national » en
1876 à cause de ses difficultés financières et de l’échec professionnel de ses
2 fils.
Garibaldi est la grande personnalité de l’unité italienne
sans être pour autant un habile politique, ni un grand stratège. Or c’est une
personne guerrière, qui se voit à travers le monde. Son nom est associé à
l’œuvre de l’unité italienne (aux cotés de Victor-Emmanuel II et de Cavour) et
en même temps à une action internationale en faveur de la liberté des peuples.
Son mythe sera inspiré par Benito Mussolini dans les années 1920. Après un
voyage triomphal en Sicile et à Naples, le 2/03/1882 meurt un des plus grands
personnages de l’histoire de l’Italie : son nom Giuseppe Garibaldi.
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